• La passion amoureuse relève du phénomène mystérieux qui bouleverse l’individu dans ses sens et sa raison, à la manière d’un torrent qui creuse son lit au plus profond de l’être.

    Plus intenses que les émotions qui agrémentent notre quotidien et dont nous maîtrisons vaille que vaille les effets, l’exaltation ardente et l’emballement frénétique consument le cœur des amants.

    A l’écart du désordre lié à l’arrivée de la passion, à ce brusque changement pathologique, on voudrait saisir les causes et examiner les effets.

    La passion amoureuse serait-elle une dérégulation de notre nature, impossible à maîtriser, et finalement une maladie, ou bien serait-elle au contraire le moteur de nos actions, notre meilleur hommage à la vie ?


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  • Hommage à la plus forte et la plus belle émotion qu'il m'a été donné de vivre un jour ...

    "Comme le note Finkielkraut, que la passion amoureuse est sans doute l’expérience la plus intense et la plus profonde de cette défectionirréductible de l’autre.Vivre l’amour passion (il suffit, à ce propos, d’évoquer les descriptions du coup de foudre) c’est vivre cette expérience terrifiante del’irruption brutale d’un autre dans ma vie.


    L’expression «tomber amoureux»montre bien que l’amour passion vous arrive toujours du dehors.

    Il s’agit d’une invasion de soi par l’autre: un autre s’installe en vous et vous atteint jusqu’à accaparer tout votre champ de conscience. Cet autre réclame l’exclusivité.

     

    L’amour passion, c’est l’emprise du visage aimé : «Le visage aimé a le monopole du visage». Le visage de l’autre me hante, mais en même temps il m’échappe. Il reste obstinément indisponible, impénétrable. L’amoureux est si fortement sollicité par le visage aimé qu’il lui devient impossible de lui donner une fixité, de le figer dans la paix de l’image. Le visage aimé demeure incertain flou, il s’absente. «Le visageaimé n’est pas de ce monde ,même quand ce monde est une prison»

     

    D’une manière générale, l’amour passion me confronte à la perpétuelle évasion de l’autre. C’est cette fuite, cette évanescence de l’être aimé, qui fait l’inquiétude et la souffrance de la passion.

    «Qu’est ce que le sentiment amoureux? L’impossibilité d’échapper à ce qui nous échappe toujours»

     

    «Il n’y a d’amour que dans l’impossibilité d’arrêter la fuite sans fin, la dérobadeinfinie de l’Autre»

     

    Là est la défaite de l’amour passion. Cependant ne s’agit-il pas d’une défaite salutaire?

     

     

    Ce que le passionné comprend, c’est pourquoi sa souffrance n’est pas masochiste.

    A ce propos Finkielkraut souligne les dégâts que provoque l’invasion du

    langage psychanalytique dans le langage courant: la douleur du passionné

    cacherait une secrète délectation, la volupté qu’il prend à l’humiliation. Si

    l’amoureux valorise sa souffrance avec un certain entêtement, c’est parce qu’il

    sait qu’il accède à la vérité de la relation sentimentale. Celle-ci n’est pas dans la

    symbiose, la fusion, la parfaite communion avec l’autre. Cette

    nostalgie de l’idylle, si bien exprimée dans Le banquet

    de Platon, doit être dénoncée comme un mythe.

    Ce que nous apprend l’expérience passionnelle, c’est à contester la

    beauté même de cet idéal, c’est à retirer sa validité et son prestige à l’archétype

    de la fusion».

    barrières, de nous délivrer du conformisme, du jugement public et de son

    despotisme (par exemple concernant les critères de beauté).

    Loin de délirer, de parer la personne aimée de qualités sublimes qu’elle n’a pas,

     

    amoureuse est soustractive, elle n’ajoute rien à l’être aimé, elle le dénude au

    contraire: au-delà du caractère, des qualités physiques, jusqu’à

    l’abstraction du visage.

    L’amour passion a cette supériorité sur tous les sentiments tièdes de faire tomber toutes lesla passion Levinas ira même jusqu’à parler de «merveilleuse impuissance». «La positivité même de l’amour est dans sa négativité».A travers cette dure épreuve du dessaisissement, l’amoureux passionné parvient à

     

    la vérité profonde de l’autre.


    La souffrance de l’amour est aussi sa merveille. Elle permet au passionné d’accomplir une sorte d ’ascèseLe visage de l’autre y devient obsédant.

     


     

    Source : http://www.philoflo.fr/resources/lamour+passion.pdf

     


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  • Un couple commence donc son histoire par la passion. Celle-ci a fait couler tellement d’encre (aussi hélas parfois un peu de sang).

    Le piège est de croire que quand la passion diminue ou s’arrête, le couple est fini. En réalité ce n’est pas là qu’il finit, c’est là qu’il commence. C’est là que le mot Amour prend tout son sens : Passer d’un besoin de l’autre à une ouverture à l’autre.

    Certains évoquent à tort, pour décrire cette mutation des sentiments, une sorte de passage d’un feu vivifiant vers une tendresse lénifiante. C’est sans doute qu’ils n’ont jamais franchi le cap.

    Dans la passion le vécu est imaginaire et ne comble jamais. S’il semble vivifiant ce n’est qu’en comparaison de notre torpeur.

    Dans l’amour le vécu est dans une réalité jusqu’au plus profond de soi et apporte un sentiment de plénitude. On n’y connaît plus le manque. La rencontre y est au delà de tout ce que peut s’imaginer un passionné.

    Il s’agit alors d’une vie emplie d’ouverture à l’autre, de respect, de liberté mais aussi de sensualité. Une sensualité ouverte à la vie (par la vue, le toucher, le goût, l’ouie…), une sensualité évidemment aussi dans la sexualité. Cette sexualité ne s’y vit plus dans le besoin de l’autre. Les trois composantes "désir, pulsion et amour" y trouvent leur équilibre pour offrir au couple s’aimant ce qu’il y a de plus grand à vivre. 

    Passer de la passion à l'amour, c'est passer de l'imaginaire à la réalité. C'est passer de la magie d'un feu d'artifice à la véritable fête qui le suit. La fin du feu d'artifice ne marque pas la fin de la fête mais son début.

    La passion est comme une flamme qui nous attire en nous faisant croire que rien n'existe autour. Elle se vit dans l'imaginaire, mais elle est un fabuleux moteur vers la suite. Dans cette suite, la flamme de départ peut sembler dérisoire car l'amour , lui,  est plutôt comme une étoile donnant naissance à des planètes. Il s'y trouve un monde habité où la véritable rencontre peut s'accomplir. Cette rencontre se vit dans la réalité et fait du quotidien une fête grandiose... si grandiose qu'elle en est  illimitée.

    La passion n'est ni mieux ni moins bien que l'amour. Ce sont des étapes différentes toutes deux importantes, dont l'une prépare l'arrivée de l'autre

    S'enfermer dans la première nous prive de la seconde. 

    Vouloir directement la seconde ne fait que nous en éloigner.


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  • Aimer passionnément, c'est aussi se sentir exister.

    Contempler l'Autre, se fondre dans son regard.

    Se sentir invulnérable et repousser les limites ....

    C'est une sorte de seconde vie.


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