• Triste fille

    Aujourd'hui je me suis levée, péniblement. Les persiennes ne laissaient traverser aucune lumière. J'étais abrutie de ma nuit passée, de mes rêves compliqués, et j'espérais trouver un signe sur mon téléphone, enfin, le signe que ma vie reprendrait du sens. Comme une nauvragée, j'ai tendu le bras pour le sentir, le regarder, le découvrir, haletante, pleine d'espérances. Mais rien. Rien du tout. Silence, depuis hier, bientôt 24 heures interminables. Pour calmer mon impatience et préserver mes nerfs, j'ai planqué le téléphone dans la chambre, au fond, et je m'abstiens d'aller vérifier toutes les deux minutes, si un appel est survenu. Je suis ridicule. Mais qu'est-ce que je suis triste, et révoltée aussi par cette époque misérable, où tout est si compliqué. J'étais peut-être la seule à passer cet entretien, mais qu'espèrent-ils ? que veulent-ils ? il se peut que la première soit la dernière à mon sens, si ses yeux brillent quand elle parle de cet emploi, si elle est avide de connaissance, si elle a des ambitions, des projets ? Mais je pense qu'ils ont préféré les faire défiler. Et là je perds mes chances, comme je les ai perdues auparavant, toute cette semaine, où j'arborais le costume de la perdante, celle qu'on appelle pour lui annoncer une mauvaise nouvelle, tandis que d'autres devaient exploser de joie en apprenant qu'elles avaient obtenu le poste.

     


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