• Aujourd'hui je me suis levée, péniblement. Les persiennes ne laissaient traverser aucune lumière. J'étais abrutie de ma nuit passée, de mes rêves compliqués, et j'espérais trouver un signe sur mon téléphone, enfin, le signe que ma vie reprendrait du sens. Comme une nauvragée, j'ai tendu le bras pour le sentir, le regarder, le découvrir, haletante, pleine d'espérances. Mais rien. Rien du tout. Silence, depuis hier, bientôt 24 heures interminables. Pour calmer mon impatience et préserver mes nerfs, j'ai planqué le téléphone dans la chambre, au fond, et je m'abstiens d'aller vérifier toutes les deux minutes, si un appel est survenu. Je suis ridicule. Mais qu'est-ce que je suis triste, et révoltée aussi par cette époque misérable, où tout est si compliqué. J'étais peut-être la seule à passer cet entretien, mais qu'espèrent-ils ? que veulent-ils ? il se peut que la première soit la dernière à mon sens, si ses yeux brillent quand elle parle de cet emploi, si elle est avide de connaissance, si elle a des ambitions, des projets ? Mais je pense qu'ils ont préféré les faire défiler. Et là je perds mes chances, comme je les ai perdues auparavant, toute cette semaine, où j'arborais le costume de la perdante, celle qu'on appelle pour lui annoncer une mauvaise nouvelle, tandis que d'autres devaient exploser de joie en apprenant qu'elles avaient obtenu le poste.

     


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  • Que l'attente est longue. Une heure à peine que je suis sortie, et je languis une réponse, un appel, un signe de leur part. Au chomage depuis plus d'une semaine, je suis désocialisée, destructurée, et insensible à la beauté du temps. Je déplorais le manque de temps libre, maintenant je déplore l'inactivité. J'ai enchainé les entretiens d'embauche comme une goulue, allant jusqu'à jongler avec mon emploi du temps. Deux, trois entretiens dans la journée, furent autant de réponses négatives, d'échecs, de désillusions, et d'amertume de ma part. Pourquoi est-ce que cela n'abouti pas ? je serais si fière d'appeler mon père pour lui dire que voilà, j'ai été retenue enfin ! j'aimerais tant annoncer à l'homme de ma vie que j'ai été choisie, que nous travaillerons ensemble pour réussir et avancer. Seulement pour l'instant, je suis une femme au foyer sans enfant. Je ne fais rien. Je me lève tard. Je me couche tard et suis victime récente d'insomnies atroces. Mes journées sont rythmées par de très hypothétiques entretiens qui pourraient donner un sens à mon avenir proche, mais tout cela sans succès.

    Je me revois, huit mois tantôt, quand j'étais au chomage, et je le suis restée 3 mois. Je n'étais plus la même. J'étais seule, à l'image de Robinson sur une île déserte. Mes journées étaient faites d'un rien relatif. Je m'abrutissais dans le sport, chose que je ne fais même plus désormais. 

    A la fin de ces 3 mois de chomage, j'en étais réduite à dormir la journée pour occuper mon temps. Je n'avais aucun but. Rien n'aboutissait. Tout me pesait. Je ne voudrais pas revivre cette épreuve sans nom. Et subir le regard désolé et à la fois inquiet de l'homme de ma vie, qui lui travaille et ne pourra aimer qu'une femme active, qui en veut, qui avance. Je l'ai été pendant 8 mois, j'ai failli y laisser la santé, dans une entreprise inhumaine où j'ai vu les pires agissements, la pire des mentalités, pour moi c'était l'Enfer sur terre, où le mal triomphait, où le bien trépassait.  


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  • Ce soir, je suis à la maison. Rentrée tôt, je pensais encore m'abrutir devant le petit écran, mais je me surprends à vouloir sortir, profiter de la nuit, des strass, des paillettes, sans me soucier du lendemain.

    Ma vie n'est pas faite de grand chose en ce moment. Après 7 mois de souffrance, d'asservissement, j'ai perdu mon travail. "Hop, on passe au numéro 27", on claque la porte, je pars, et place à la suivante. Je la plains profondément. Entourée de requins sans scrupules, de manipulateurs, et de clowns sinistres. Finalement, ne suis-je pas mieux à la maison ? Mais la "mama parfaite" que j'étais devenue, avide de ménage et de soirées oisives, a fait place à une jeune frustrée friande de sorties tumultueuses, de rencontres et d'imprévus. Normal : je dors "toute la journée". Façon de parler bien entendu. Je m'occupe, mais ne vois personne et n'éprouve une fatigue que morale. Car mon activité physique est au minimum.

     


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