• Ma mère a cessé de me parler du jour au lendemain, il y a exactement ... 4 mois. C'est peu, mais à la fois c'est très long quand on s'était habitué à l'entendre tous les vendredi ou samedi soirs.

    Pourquoi ne me parle t-elle plus ? je l'ignore foncièrement. 

    Il y a une vague histoire de maison, de clés, de week-end prolongé, enfin bref, j'avoue avoir du mal à suivre, et à me dire qu'elle puisse faire "la gueule" pour ça. Mais j'essaye, encore, de comprendre.

    Ma mère sort avec un "con" depuis presque 10 ans. Elle a quitté mon père sauvagement, s'est entichée d'une femme, pour finalement s'acoquiner d'un mec que je pensais n'être qu'une passade et qui, par sa perversité, sa médiocrité et sa bêtise, l'a finalement attachée pour de bon.

    Au début je l'aimais bien, son copain. Je le trouvais d'une bonne écoute, un brin déconneur, surprenant et sans peur du ridicule. Il était habile de ses mains pour créer de petits objets (j'ai toujours aimé les maisons de poupée) et cuisinait avec goût et imagination. J'allais souvent chez lui pour y retrouver ma mère et je leur parlais pendant des heures de mes déboires amoureux. 

    Mais les années passant, leur couple a été le tableau parfait de crises conjugales, tout en restant solidement ancré sur le mur. Ils ne se sont jamais séparés que l'espace de quelques semaines. Chaque fois il était aisé de penser que c'était "pour de bon", mais chaque fois ils remettaient le couvert, avec ce plaisir sadique de se retrouver après la tempête dans un déversement de plaisirs charnels motivés par l'absence de l'autre.

    Bref, plus les années passaient plus le sadisme allait bon train, et la connerie du copain de ma mère devenait palpable. Histoires de fric, de cul, de jalousie, de famille, bref, c'était un remake made in "home" de Santa Barbara. Ma mère n'avait de cesse de me relater ses mésaventures, ses crises et ses désillusions. Et plus le temps passait, plus le malaise s'installait, et plus je me demandais comment ma mère pouvait encore s'accoupler avec un homme qu'elle détestait. Et il fallait ensuite faire bonne figure durant les repas, devant cet homme qui alimentait nos conversations en des termes peu élogieux. Mais il n'inspirait pas plus la sympathie. Avec le temps il est devenu aigri, mécontent, râleur, sournois, cassant, gris.

    Les choses ont empiré quand j'ai quitté la ville avec mon homme pour habiter dans une belle maison à la campagne. Un semblant de réussite. J'ai comme eu l'impression que la jalousie les rongeait. Ils sont venus quelques fois, toujours assez vite, des visiteurs peu impliqués, juste curieux. J'ai senti le fossé se creuser davantage encore.

    Cet été ma mère a connu une énième crise avec son copain. Nous l'avons hébergée de bonne grace, nous avons tout fait pour qu'elle se sente bien. Elle était ma petite protégée. Je lui ai proposé de rester la semaine, malgré nos emplois du temps bien chargés elle pourrait vaquer à ses occupations, mais elle a refusé sans le dire vraiment. Elle n'est jamais revenue, mais entre temps elle s'est rabibochée avec son copain, délaissant ses projets de week-end avec ses copines, et ne trouvant aucune raison valable pour s'être remise avec lui, juste la peur latente de finir seule comme une vieille fille.

    Elle s'est remise avec lui, elle me l'a donc appris par téléphone. Je ne l'ai pas jugée, pas du tout, je n'ai rien dis, du moment qu'elle était, ou paraissait, "contente". Heureuse serait un terme mal placé ici.

    Je ne l'ai pas revue. En revanche, elle m'a téléphoné un jour de juin pour me demander les clés de notre maison, durant un week-end prolongé où nous n'étions pas là, afin de venir, elle et son copain, profiter de la campagne. 

    Ma mère, seule, aurait été la bienvenue, mais lui n'avait aucun carton d'invitation ici, au regard des dernières fois où il faisait la tête et balançait des réflexions à tout bout de champ. J'ai donc refusé, prétextant que nous ne partions finalement pas. Imposer à ma mère un "NON" franc l'aurait anéantie. Elle n'a jamais supporté qu'on lui tienne tête. Elle m'aurait détestée. Je redoutais le pire. Et comme elle n'est jamais capable de comprendre les choses les plus élémentaires, il faut traversir les choses, les rendre plus digestes. Mais à croire qu'elle ne m'a pas crue. Après ce message sur son répondeur où je lui ai dis que nous ne pouvions rendre la maison disponible, elle ne m'a plus jamais rappelée. Je tombais inlassablement sur son répondeur. Elle était aux abonnés absents. Aucun message, aucune nouvelle, aucun mot. Quelques temps après, elle me réclama les clés de son appartement à travers un texto froid et impersonnel. Prête à ouvrir le dialogue, et pensant que c'était ce qu'elle voulait, je proposais de la rencontrer pour lui restituer ses clés qui ne m'ont jamais servi à autre chose que d'aller arroser ses plantes durant ses très frèquentes escapades à l'étranger. Elle me rejeta clairement en disant qu'elle n'était pas là, et suggérait de les lui faire passer à son travail, ce qui sous-entendait que je ne la croiserais pas.

    Je me suis exécutée, écoeurée.

    Renier sa propre fille sans raison aucune, ça me semble si étrange, si ingrat. J'en ai connu des fils et des filles impardonnables, injurieux, des mauvaises graines ou des enfants belliqueux qui rejettent leurs parents qui trop souvent les ont trop aimés.

    J'ai été tout l'inverse. Une gamine ordinaire, trop sensible, trop aimante, trop fragile et trop déséquilibrée pour oser dire "merde" un jour et s'affranchir de ce poids passé, quand à 13 ans ma mère a préféré claquer la porte, partir et mener une vie d'adolescente attardée sans aucune explication.

    Car elle n'a jamais dit les choses et pour autant, je ne l'ai aimée que trop, pleurant son absence, allant jusqu'à collectionner les cheveux qu'elle laissait dans la salle de bain après s'être coiffée. Une vraie fanatique, une vraie obsédée. Quand elle est venue passer quelques jours à la maison en mai dernier, j'ai pleuré son départ une nouvelle fois. J'ai baisé ses draps, j'ai mouillé sa taie d'oreiller avec mes larmes de gamine abandonnée. 

    Je ne veux pas me plaindre. Je crie simplement ici l'absurdité d'une vie, si stupide. Pourquoi mettre au monde un enfant que nous ne sommes pas capable d'aimer? Ma mère n'a jamais été maternelle. Elle était froide, distante, et instable. Elle ne pardonnait rien et nous infligeait, à mon père et moi, des guerres froides incessantes dès qu'un mot qui ne lui plaisait pas, avait été prononcé. 

    Aujourd'hui elle recommence, encore. J'estime ne pas être une mauvaise fille. J'ai beau tenter de me trouver des failles, des erreurs, des maladresses, je n'en trouve aucune, si ce n'est de vivre ma vie de jeune femme tant que je peux le faire.


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  • Pour ceux qui ne connaissent pas encore (et c'était mon cas il y a une semaine de cela), je souhaiterais parler ici d'un roman que je viens de terminer et de son auteur, Camille de Perreti

    "Nous sommes cruels" est paru en 2006 et s'inspire très largement du célèbre "Liaisons dangeureuses" dont une adaptation a été réalisée au cinéma.  Mais l'intrigue et les protagonistes sont de notre époque puisque l'histoire se déroule à la fin des années 90. Le roman est sous forme épistolaire, ce qui au début m'a quelque peu refroidie -moi qui m'attendais à une narration classique et à la troisième personne !-, mais dès la première page j'étais envoûtée.

    L'affaire se passe donc entre Camille et Julien, deux jeunes lycéens plutôt prometteurs, à l'écriture aisée et aux pensées machiavéliques. Julien "contacte" par lettre Camille, élève dans le même établissement, et tous deux très rapidement, se trouvent le point commun d'une addition certaine pour la manipulation. Ils orchestrent donc des stratégies subtiles pour, telles des veuves noires, repérer des proies (de leur âge, de sexe opposé), les charmer puis les anéantir.Tout cela se passe donc à travers une correspondance soutenue, parfois ponctuée d'emails, de textos, mais surtout de lettres.

    Il y a également quelques autres protagonistes, dont j'avoue, je n'ai pas trouvé vraiment l'intérêt d'une présence dans l'intrigue et qui étaient, en quelque sorte, des rôles secondaires qui n'interagissaient pas réellement avec les deux personnages principaux. 

    L'histoire tourne court quand leur petit jeu se révèle être vraiment morbide. Je tairais les détails de la fin, pour ceux qui éventuellement, seraient tentés de découvrir cet ouvrage.

    J'ai personnellement été  charmée par l'écriture et l'originalité de Camille de Peretti, qui est une jeune auteure puisqu'elle est née en 1980 et n'avait que 26 ans à la sortie du livre. J'admire son aisance et la richesse et diversité des mots employés pour mettre en scène cette correspondance diabolique.

    Je suis curieuse de découvrir ses deux autres romans. Je suis allée à la Fnac hier et le rayon était vide pour ce qui la concernait. C'est fort regrettable.

     

     

     


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  • Il est en ligne ce soir, sur msn.

    Vous savez, ce fameux G. dont j'ai parlé plus bas dans mon blog et qui a alimenté mes propos en ces fins de soirées pleines de solitude.

    3 ans plus tard, presque jour pour jour.

     

    G. a été amoureux. Il a fait un enfant à une jeune femme. Cette jeune femme l'a quitté, laissant amour et enfant.

    G. a gardé et assumé cet enfant, que j'ai connu, puisque je suis arrivée là, nouveau personnage dans cette intrigue sans fin, la meilleure amie, la soeur d'infortune, et peut-être finalement, la tragique aimée. Nous étions si proches.

    Comme je vous disais, G et moi avons été spectateurs de notre déroute, quand j'ai choisi de ne pas monter dans son appartement tard, dans la nuit.

    Je suis partie au volant de ma petite voiture rouge. Il m'a froidement chassée de sa vie. A trouvé une jeune fille, très jeune, sur internet, une gothique comme lui, comme moi à l'époque (et je le suis encore, quelque part ...).

    Avec cette jeune gothique sur laquelle je me plaisais à parier peu, il décida de se marier. Ils firent un voyage en Irlande. J'ai aperçu quelques clichés sur son blog, que je visite encore souvent. Je l'avoue.

    Au tout début nous avions gardé le contact, il y a trois ans. Je souffrais horriblement de son manque d'intéret, de cette soudaine et douloureuse distance qu'il m'imposait. Je voulais garder le contact. Mais lui me répétait inlassablement, que sa femme était là, avec lui, en qu'en sa présence il était hors de question qu'il la délaisse pour aller tchater sur msn. 

    Même pour moi. J'ai eu la punition que je méritais, je le concède.

    Je ne peux lui en vouloir. Il ne faisait, finalement, que me montrer ce à quoi j'avais proprement tourné le dos.

    Mais nous voilà, trois ans plus tard. G n'était JAMAIS sur msn le soir. Je m'en suis fais une raison. Il était avec sa femme, son adorée, sa gothique éplorée, le reste comptant peu, quoi qu'il arrive. Son meilleur ami aurait pu avoir été largué comme un malpropre, sa mère souffrante ou son collègue en panne d'inspiration, G n'aurait jamais renoncé à ses principes.

    Mais ce soir il est là sur msn, connecté, bien réel. J'ai encore les senteurs de nos soirées, les sensations de liberté et d'authenticité. Nos discussions interminables, son sourire quand je lui relatais mes anecdotes pathétiques et ses cigarettes, lentement consummées.

    Mais je ne lui écrirais pas ... pour laisser intact notre passé.

     


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  • Il est vrai que je suis atrocement malade, j'ai le visage en feu, la gorge qui me pique et le nez congestionné. Je n'osais pas y croire quand hier matin je me suis levée avec un mal de gorge significatif. Et puis aujourd'hui la sentence est tombée. Je suis encore malade, puisque le mois dernier je l'étais déjà, ayant chopé les pires virus qui trônaient dans le coin.

    Je me sens seule au monde avec la tête dans le coton. 

    Mais malgré cette maladie qui m'anéantie, je suis heureuse. Heureuse d'être en week-end, comme tous les vendredis soirs, qui est mon moment préféré de la semaine, quand tout est à vivre, rien n'est vraiment commencé. 

    J'ai eu un mal fou à travailler aujourd'hui. Déjà, je me suis réveillée ce matin, dans le même état de fatigue qu'hier soir quand je suis allée me coucher. J'avais l'impression d'avoir tout juste éteint la télé et mis mon réveil, me préparant pour une douce nuit. Je suis allée prendre ma douche comme un zombie. La terre valsait sous mes pieds.  Et ma gorge, et mon nez en ébullition.

    La journée fut donc à l'image de ce réveil peu commun.

    J'ai surpris par hasard une discussion entre mes collègues. Demain soir, ils se réunissent tous pour sortir, entre eux. Evidemment, je n'ai pas été invitée. Je suis la pestiférée du coin Oups !

    Je suis cette bête étrange qui renferme un mystère tellement énorme et inquiétant, qu'on n'ose pas me parler ni m'inviter à quoi que ce soit. 

    Ce n'est pas la première fois que cela arrive. Sans que je puisse me l'expliquer (et je ne suis pas dupe pourtant, ni bercée d'illusions)  j'ai été mise à l'écart des discussions, des projets de sorties, et cela s'applique même à la distribution des gateaux quand ces dames en confectionnent. On est propose à tout le monde, mais moi je peux me gratter, en gros.

    Donc je débarque la plupart du temps, comme un naufragé sur son ilot, découvrant des restes de gâteau (apparemment délicieux, vu ce qu'il en reste !) ou apprenant par hasard, parce que mes oreilles étaient là à ce moment là, qu'ils ont fait un repas le week-end ou projettent de se retrouver le soir. Ils, ce sont surtout des femmes, et un gars ou deux à tout casser, suffisamment femelles et hypocrites pour survivre parmi toutes ces poules abjectes.

    Au fil des mois je me suis forgé une carapace. Cette carapace ne résiste pas à tout. Des jours comme aujourd'hui, c'est suffisamment pénible pour que j'en parle. Et surtout, je m'étais plus ou moins liée d' "entente" avec une nouvelle recrue, et j'ai compris qu'elle était conviée à la soirée, alors qu'elle ne m'en a surtout pas parlé. C'est ce qui m'a le plus déçue. Mais enfin au moins maintenant, je suis fixée sur son honnêteté et sa transparence, sur lesquels j'avais déjà certains doutes (-quand je vois sa façon de reluquer mon poste de travail, je m'interroge sur ses véritables intentions-).

     

     

     


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  • C'est la Grande Mode : faire un blog.

    Ca fourmille sur le net. Ca pullule. Ca éclos. Autant d'idée qui retentissent, surgissent, et parfois ... meurent.

    Moi l'écrivain déchu, qui rêvais à 12 ans, de devenir la George Sand Nationale, se retrouva en fac de "rien" pour échouer en BTS très pratico-théorique et finir : secrétaire.

     Finalement, j'ai revu mes ambitions (comme mon adorée Amélie Nothomb). Je suis simplement devenue une internaute comme tant d'autres, qui crée un blog pour hurler, pardon, pour parler, de son quotidien, ou parler d'une passion en particulier.

    Mais ma plus grande surprise, mon plus grand étonnement, ce fut de trouver ici des messages. Des mots sincères et francs, de gens qui sont passés par là, et qui ont décidé de s'attarder un moment.

    Je m'en veux de ne pas avoir été là. Je l'ai dis. OK ... Mais sachez que j'ai été très émue et touchée par votre présence, vos mots, votre passage ici sur cette place anodine.

    J'espère tisser les liens, avec le temps.

    J'ai tant à dire, à partager.

    Ce n'est qu'un début.


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